Le confinement auquel nous sommes soumis pour limiter la propagation de l'épidémie de coronavirus est assurément nécessaire et incontestable. Cependant il peut mettre les familles à rude épreuve, a fortiori celles qui vivent en appartement.

Les pages ouvertes dans ces circonstances ne suppléent pas aux séances de psychomotricité. Celles-ci ne peuvent se faire à distance et ne consistent pas en quelques activités, même si une petite part d'entre elles constituent un outil que le psychomotricien(ne) utilise en y ajoutant l'accompagnement thérapeutique qui fonde sa compétence.

Ces activités - choisies parce qu'elles ne demandent aucun matériel sophistiqué, peuvent cependant participer à l'équilibre des enfants et donc de la famille et soutenir, malgré la suspension de l'école, leur développement.

C'est ma contribution à l'effort qui est sollicité de tous.

Vos enfants ont absolument besoin de se dépenser, il y va de leur équilibre psychique. Les indications données actuellement sont d’une heure de sport nécessaire pour un enfant ou un adolescent. Il s’agit aussi bien du développement psychomoteur que d’évacuer les tensions de la vie confinée.

 

 Attention à la tentation de multiplier les heures d’écran dont l’effet fortement néfaste n’est plus à démontrer.

 

Voici quelques idées parmi mille autres.

 

 Il faut peu de matériel pour faire de petit parcours : passer dessus, dessous (il suffit d'une table, d’une corde ou ficelle, d'un petit obstacle), passer dans quelque chose sans en toucher les bords. Avec un marquage au sol : faire des sauts d'une marque à l'autre (en fonction de l'âge cloche pied, pied joints), saut d'une hauteur (petite chaise ou plus bas). Intégrer des jeux de viser (quille, réceptacle ou marquage au sol)

 

Avec le même parcours vous pouvez dire à l'un de sauter d'une manière, à l'autre d'une autre manière en fonction de son âge. Vous pouvez parfois chronométrer si ce n’est pas source de trop d’excitation : celui qui le fait le plus vite ou celui qui le fait le plus lentement (très intéressant aussi car l’équilibre lent est plus difficile à tenir).

 

Un parcours fait travailler les notions spatiales, les coordinations motrices, l'équilibre, l'organisation et la mémoire des consignes (parcours précis dans l'ordre, l'exécution) etc.

 

Toujours à partir du saut : mettre des dalles (repères au sol) : attention aux crocodiles, requins ou autres de votre choix, il faut sauter de dalle en dalle sans tomber ou sauter dans l'eau (à côté d'une dalle)

Solliciter les différentes coordinations en faisant des courses avec ou sans jeux d’inhibition :

 

-          galoper,
-          sautiller,
-          faire des pas chassés,
-          faire du quatre pattes (avant, arrière),
-          faire l’animal préhistorique (i.e. à quatre patte mais sur les pieds et les mains sans que les genoux touchent le sol).
-          marcher sur la pointe des pieds,
-          marcher sur les talons,
-          marcher talon pointe sur une ligne
-          courir talons fesse ou en montant les genoux,
-          courir en course simple

-       déplacements d'animaux (ramper comme un serpent, sauter comme une grenouille, galoper comme un cheval, marcher à quatre pattes comme un ours etc.

 

Et voici la partie inhibition : au signal (ou si on le fait en musique, lorsque la musique s’arrête), on doit s'arrêter net.

 

Ou bien, si vous avez de quoi, sans trop de risque et de désordre (il faut pouvoir cadrer), dès qu'un bruit retentit on doit se percher quelque part (un peu comme le chat perché) : vous faites alors travailler l’équilibre statique.

 

Ou encore, dès que le signal retentit, associé à un chiffre, l’enfant doit être en équilibre sur autant de parties du corps que le chiffre indiqué (en excluant les deux pieds pour le chiffre 2)

 

Ou enfin – toujours de l’inhibition et pour les plus grands : faire le contraire d'une consigne (se mettre d'accord avant) ex si je dis passer dessous on doit passer dessus, si je dis courir on doit marcher, si je dis marcher en avant on doit marcher en arrière etc. Il y a une partie logique et langagière qui sera difficile pour les plus jeunes enfants;

 

Vous pouvez aussi faire un parcours plus facile mais avec un sac lesté sur la tête (excellent pour la conscience de l'axe corporel) ou un sac lesté sur une raquette tenue devant soi.

 

Tout ceci se décline à l’infini et laisse part à votre imagination !

 

 Il y a aussi les grands classiques : 1 2, 3 soleil, Jacques a dit, marelle, sauts à l’élastique ou à la corde à sauter, échasses,  chamboule tout, twister, qui peuvent se fabriquer, les jeux de balles/ ballons en tout genre.

 

En appartement, peut-être faut-il prévenir ou se mettre d’accord avec les voisins sur une heure mouvementée (ou deux fois une demi-heure, c’est mieux) pour que chacun le vive plus paisiblement. Qui ne sait que des enfants ont besoin de bouger. Il me semble alors judicieux de miser sur des roulades en tout genre (regarder un tutoriel pour aider votre enfant à bien faire sans se faire mal) et sur des sauts : de plus en plus loin (marquage), de plus en plus haut… Courir sans espace c’est se freiner en permanence au lieu d’évacuer le trop-plein ; c’est source de frustration.

 

Vous pouvez aussi faire un mur d'escalade au sol avec des couleurs et des difficultés variables. Au cabinet j'utilise des anneaux que je déplace au fur et à mesure. Il faut avancer en mettant les mains et les pieds dans des anneaux différents - pour ma part j'impose de déplacer dans l'ordre une main, un pied, une main, un pied (donc pas deux pieds ou deux mains de suite, ni en même temps); on peut aussi imposer mains gauches dans telle couleur (ou une couleur par main), pieds dans telle autre couleur : vous pouvez arriver à des situations difficiles et travailler fortement le schéma corporel et les coordinations ; même les plus grands ont ici de quoi s’exercer.

 

Pour vous guider dans ce que vous pouvez prévoir en fonction des âges, voici les âges de développement (sachant qu’on peut y arriver un peu avant ou un peu après sans retard de développement psychomoteur !)

 

14 mois : marche autonome (déambule facilement, vitesse, avec demi- tour et polygone de sustentation réduit, membres supérieurs relâchés, bassin dans l’axe des épaules)
15 mois : grimpe sur une estrade (quadrupédie, h = 25 cm) et monte debout seul sur un plan incliné
17 mois : donne un coup de pied dans le ballon sans tomber et effectue au moins deux pas en arrière sans tomber
18 mois : Tient debout sur un pied, avec l’aide de l’appui d’une main contre le mur (au moins 5 s)
23 mois : « Danse » à la demande (se dandine, tourne)
2 ans : course aisée, Tient debout seul (au moins 5 s) sur une poutre (l : 6 cm ; h : 10 cm) ;
27 mois : Saute d’une hauteur (20 cm), avec envoi en alternant les pieds (autrement dit comme s'il faisait un grand pas mais avec un passage dans le vide)
30 mois : Marche seul (au moins six pas) sur la pointe de pieds (démonstration) ; Saute d’une hauteur (20 cm) les deux pieds symétriques avec envoi et sans tomber (autrement dit à pied joint). Saute en longueur au sol les deux pieds symétriques avec envoi dans un cerceau placé à 35 cm (sans tomber) ; Tient seul sur un pied (au moins 2 s)
31 mois : Marche sur une ligne (au moins quatre pas consécutifs, démonstration); cela paraît rien mais sur une ligne on réduit +++ le polygone de sustentation (écartement des jambes) et cela introduit du déséquilibre
33 mois : Sautille sur un pied (au moins deux fois) (on est quand même encore loin du cloche pied)
3 ans : sauts pieds joints
3-4 ans : sauts pieds joint en déplacement
4 ans : galop, pas chassés, sautillement ; ébauche de l'animal préhistorique (évidement je ne parle pas de la quadrupédie du tout petit) , ébauche de saut avec demi-tour, début de la marche sur la pointe des pieds
5 ans : ½ pointe
6 ans : équilibre unipodal stable (5 secondes dès 4 ans)
6 ans : saut sur un pied
6-7 ans : marche talon pointe
7 ans : équilibre accroupi
10 ans : équilibre unipodal yeux fermés